TERMINE Rencontre inattendue [Noriko Fujimoto]

Yuriko passait encore sa soirée dans ce monde de fête et de décadence. La musique était bonne et les cocktails excellents. Elle avait l'habitude de ce lieu. Les barmans et les habitués étaient accoutumés à sa présence, mais toujours aussi goulument ravis de la voir.

Yuriko était assise au bar. Elle profitait de ce laps de temps afin de se reposer. Elle aimait l'ambiance de fête, où tous s'offre ce moment de relâchement, libérant les tensions. Les gens semblent insouciants et dénués de tracas.

Yuriko se délectait de son cocktail. Il ne restait plus qu'un fond qu'elle savourait lentement, repoussant quelque peu l'ennivrement.

Le barman s'approcha d'elle et lui remit, le sourire aux lèvres, un autre verre.

"- Comme toujours Yuriko, tu as du succès. C'est de la part de l'homme au fond du comptoir."

Le barman désigna l'homme du menton. La jeune fille l'étudia rapidement. Encore un de ces vieux d'une quarantaine d'années qui se cherchent une nouvelle jeunesse. Néanmoins, elle leva son verre vers lui, le remerciant. Pour ensuite engloutir la boisson. Le goût était sucré, exotique. On sentait à peine le goût de l'alcool.

Le barman ne vérifiait jamais son âge. Après tout, non seulement elle était une bonne cliente, mais elle en ramenait. La beauté de cette jeune femme était connue dans le coin. Et puis, c'est vrai qu'il fallait avouer qu'elle était belle à s'en damner.

Yuriko posa son verre vide et se retourna, face à la piste. Elle était plus que consciente de l'attraction qu'elle exerçait sur les hommes. Elle savait qu'ils se retournaient à son passage. Et elle en jouait.

Son regard s'attarda sur une table, remplie de jeunes garçons de son âge. Eux aussi la dévisageaient, fixant sur elle ce regard qu'elle connaissait si bien. Elle eut pour eux un sourire ravageur et les quitta des yeux.

Son regard se promena encore un peu plus alentour. Elle aperçut une longue silhouette bougeant au rythme de la musique. La silhouette dégageait de l'assurance de celle qui sait qu'elle plait. Yuriko fixa son regard sur elle. Ses cheveux s'agitaient, ses bras se levaient et son corps ondulait. Puis le corps ralentit, montrant les premiers signes de fatigue. La silhouette s'arrêta finalement, tourna la tête à la recherche d'un endroit où se reposer. Se dirigeant vers le bar, la jeune fille s'assit non loin de Yuriko.

Yuriko l'avait suivie des yeux. Son visage lui dit vaguement quelque chose et quand elle s'adressa au barman, le son de sa voix lui évoqua Tokyo Gakuen.

*C'est bien ma veine. Une fille de Tokyo Gakuen.*

Yuriko détacha son regard de la jeune fille. Cependant, son esprit y restait attaché. Elle n'avait pas pour habitude de mémoriser les noms et visages des élèves de son lycée. Sauf s'ils étaient nuisibles aux T6. Or, il lui semblait qu'il n'en était rien de cette inconnue. Les deux jeunes filles étaient relativement proches, seule une chaise les séparaient.

"- Un autre verre, Yuriko. Seulement celui-ci est offert par la maison."

Yuriko eut un léger sourire pour le barman.

"- Offert par la maison ou par tes propres soins Kira ?"

Le jeune homme sourit mais ne répondit pas. Il s'adressa à la jeune fille assise à côté d'elle.

"- Je peux vous servir quelque chose, Fujimoto-san ?"

Yuriko venait de comprendre pourquoi son visage lui disait quelque chose. Elle était la fille du proviseur.

Au milieu des regards langoureux que lui lançaient certains hommes, Noriko se défoulait au rythme de la musique comme elle ne l'avait jamais fait auparavant, essayant ainsi d'oublier la mauvaise journée qu'elle venait de passer. En effet, pendant qu'elle se promenais tranquillement dans Tokyo, elle avait rencontré ce garçon... Ce garçon dont elle essayait pertinemment d'effacer de sa mémoire. Jamais elle n'aurait cru pouvoir le revoir, surtout ici. Et pour se changer les idées, sans réfléchir, elle vint ici, dans cette boite. Grâce à sa beauté et aux contacts de son père, elle faisait partie de ces rares habitués que tout le monde enviait, et rentra avec facilité. La soirée battait son plein, beaucoup de gens important dans leur milieu étaient présent. Il faut dire que ce lieu était réputé dans tout le Japon. Après avoir bouger au son de la musique, la fatigue commença à prendre le dessus. Noriko s'arrêta et se mit à la recherche d'une place près du bar où elle pourrait se reposer tranquillement avec une boisson. Après avoir balayé la salle du regard, elle s'avança tranquillement vers une chaise libre. Puis, une fois installée, elle entendit un des serveurs dire à une fille assise près d'elle.

"- Un autre verre, Yuriko. Seulement celui-ci est offert par la maison."
"- Offert par la maison ou par tes propres soins Kira ?"

"Humm...Encore une de ces filles dont tout les hommes sont à leurs pieds..." pensa Noriko.

Mais après plusieurs observations, elle ne pu qu'avouer que cette fille était loin d'être moche. Pendant quelques secondes, Noriko se supris à être jalouse de cette fille. Puis, elle fut ramenée à la réalité par le serveur.

"- Je peux vous servir quelque chose, Fujimoto-san ?"

"Ah, euh... oui. Comme d'habitude s'il te plait. Je voudrais ce fameux cocktail dont tu es le seul à avoir le secret" lui répondit-elle avec une voix qui se voulait charmeuse.

Une fois servie, elle tourna la tête et ne pu s'empêcher de reharder une nouvelle fois sa voisine. Elle l'intriguait, de part sa beauté et du charisme qui émanait d'elle.

*Ce visage...Il me rappelle celui d'une des élèves importantes du lycée... Comment s'appellent-elles déjà ?*

N'étant pas du genre à se laisser impressionner et par curiosité, Noriko se décida enfin de briser la glace. Il fallait bien qu'elle le fasse à un moment donné. Reposant son verre devant elle et remerciant le barman qui était devant elle, elle s'avança vers cette "camarade" de lycée. C'était la première fois que Noriko se sentait mal à l'aise. Elle qui avait pourtant une grande confiance en soi, hésitait. Puis, remarquant que cette fille commençait à l'observer, elle finit par se lancer.

"Hum... Excuse moi, tu es bien du lycée TokyoGakuen non ? Parce que ton visage me dit vaguement quelque chose et..."

Yuriko sentait le regard interrogateur de la fille du directeur posé sur elle. Elle l'ignora royalement en sirotant son cocktail. La jeune fille décida dans un premier temps de commander son verre.

"- Ah, euh... oui. Comme d'habitude s'il te plait. Je voudrais ce fameux cocktail dont tu es le seul à avoir le secret"

La voix de Fujimoto était devenue suave, séductrice. Il n'y avait pas de doute, elle savait séduire. Mais elle se frottait à du menu fretin, un barman. La Missy sourit à cette pensée. Voulait-elle l'impressionner, ou simplement passer le temps ? Le barman lui apporta la boisson désirée, heureux d'avoir pu être dragué par la sirène.

Yuriko sentit une fois encore son regard se poser sur elle. Qu'avait-elle à la fin ?Les autres élèves ne la regardaient pas aussi curieusement, ils savaient trop à quoi s'en tenir sinon. La Missy commença à être agacée, quand la sirène se leva et s'installa près d'elle.

"- Hum ... Excuse moi, tu es bien du lycée TokyoGakuen non ? Parce que ton visage me dit vaguement quelque chose et..."

Yuriko se tourna lentement vers Fujimoto. Avait-elle dit le mot "vaguement"? Elle eut un sourire narquois à son adresse. La fille du directeur ne daignait visiblement pas s'instruire sur les figures les plus importantes de l'établissement de son père, à savoir les Three Missys. Peut-être se croyait-elle au-dessus des lois, vu le poste qu'occupait son père. Ne pas connaitre les Three Missys, s'était être inconnu à l'établissement. La jeune fille se demanda même si elle savait qui étaient les T6. A cette pensée, le sourcil de la jeune fille se dressa.

Yuriko esquissa un léger sourire, qui n'exprimait en rien de la sympathie, mais qui n'enlevait rien à son irresistible charme.

"- Je suis Yuriko Chizumu, du lycée Tokyo Gakuen. Mais je suppose que Fujimoto-san est trop occupée pour connaitre qui je suis."

Yuriko posa son verre et croisa ses longues jambes. Elle avait délibérément ommis qu'elle faisait partie du groupe des MThree. Son premier but était de savoir si elle la jeune fille le saurait. Mais surtout, Yuriko ne tenait pas à se présenter comme appartenant à un groupe. Elle existait indépendemment de son identité de Missy. La preuve en était que tous la connaissait ici, et ailleurs.

"- Je suis Yuriko Chizumu, du lycée Tokyo Gakuen. Mais je suppose que Fujimoto-san est trop occupée pour connaitre qui je suis."

Yuriko croisa ses jambes d'une façon très élégante pour une lycéenne. Cela étonna Noriko. Cette fille était très certainement plus mature qu'elle ne le pensais.

"Chizumu Yuriko... Mais oui ! Je me souviens maintenant ! Tu fais partie du groupe de ces 3 filles soi-disant "garde-du-corps" de nos "très cher" Trésors !"

Noriko se souvenait maintenant de pourquoi son visage lui était familier. Yuriko faisait partie du clan des Three Missys, bande de filles qui faisaient rêgner la terreur parmis les nombreuses pimbêches qui, accrochées au T6, espèraient ainsi ce faire remarquer. Son père lui en avait parler une fois, de ce trio si célèbre. Noriko eue une sensation de respect pour cette fille. Enfin quelqu'un de normal parmis ce monde de gamins. Elle n'en pouvait plus de devoir supporter à longueur de journée les cris stridents ainsi que le comportement excessif et puéril de ces fans face à leurs idoles. Et ce n'était que le début de l'année. En tout cas, le fait de savoir qu'elle n'était plus seule la réconforta.

"Heureuse de te connaître, même si je ne pensais pas du tout rencontrer une fille du lycée ici."

Puis, elle repensa à la phrase que Yuriko lui avait dites plus tôt: "Mais je suppose que Fujimoto-san est trop occupée pour connaitre qui je suis."

Noriko paraissait donc si individualiste ? Quoique d'un côté, elle n'avait pas tout à fais tord, mais quand même. Pour une fois qu'elle faisait un effort pour s'interresser à quelqu'un... Chose vraiment exceptionnelle ! Surtout venant de la part de Noriko, l'exemple même de l'égocentrisme pur. Elle fut très rapidement vexée. Cela devait se voir sur son visage, car elle remarqua ensuite un petit sourire moqueur apparaitre sur celui de son interlocutrice. Noriko n'aimait pas ça, elle ne voulait surtout pas que cette fille s'imagine qu'elle n'était qu'une petite gamine capricieuse et rien d'autres. Surtout une Three Missys, la dernière personne dont Noriko voulait recevoir des moqueries. Sa réputation tomberais bien bas si tout cela s'apprenais.

Fujimoto ne semblait pas le moins du monde destabilisée par l'attitude peu engageante de la Missy. Elle fut obligée de lui reconnaitre un certain caractère. Cette attitude, bien que par moment agaçante, ne manquait pas de culot et d'audace. Ce qui lui plut.

"- Chizumu Yuriko... Mais oui ! Je me souviens maintenant ! Tu fais partie du groupe de ces 3 filles soi-disant "garde-du-corps" de nos "très cher" Trésors !"

Yuriko leva encore plus haut son sourcil, signe de mécontentement. Comment osait-elle ? "soi-disant garde du corps" ? A qui croyait-elle parler ? Elle était certes la fille du directeur, mais elle, sa famille était l'un des plus généreux donateurs de Tokyo Gakuen. Si l'école prospérait, c'était en partie grâce aux financements versés par les Chizumu. Cette impertinente n'avait visiblement pas appris à tenir sa langue. Il semblait à la Missy que les mots sortaient de sa bouche, aussitôt qu'ils étaient pensés, sans même y prendre garde.

Yuriko commença à taper ses ongles sur la table du bar. Fujimoto ne se démoralisa pas pour autant. La Missy lui reconnaissait un certain cran, surtout depuis qu'elle avait reconnu la Missy. Si elle était impressionnée par Yuriko, elle ne le montra pas.

"- Heureuse de te connaître, même si je ne pensais pas du tout rencontrer une fille du lycée ici."

"Heureuse" n'était pas l'adjectif que Yuriko s'attendit à lui voir prononcer. Néanmoins, c'est celui-ci que choisit Fujimoto. Décidément, cette jeune fille l'étonnait. Yuriko n'aurait su dire s'il s'agissait d'une preuve de naïveté, de vanité ou autre.

Yuriko daigna cependant enfin ouvrir la bouche.

"- Également. Kira, sers un verre à cette belle demoiselle. Assies-toi, je te prie, dit-elle en s'adressant à Fujimoto."

Yuriko non plus ne s'attendait pas à recontrer une élève de son lycée dans cet endroit. La jeune fille avait de la chance ce soir. En d'autres circonstances, la Missy n'aurait pas manqué de lui faire payer son insolence. Mais il fallait prendre en compte qu'elle était la fille du directeur. Yuriko ne craignait pas le pouvoir du directeur, car elle avait foi en celui de l'argent. Toutefois, cela n'intéressait pas la Missy d'ouvrir un conflit avec Fujimoto. La jeune fille l'intriguait. Mais savait-elle seulement l'honneur que la Missy lui faisait ?

Kira apporta la boisson et resservit Yuriko. Elle se tourna soudainement vers la jeune fille. Son sourire était légèrement plus sympathique que le premier, mais pas encore jovial.

"- Je dois reconnaitre que tu fais preuve d'un certain culot, en t'adressant à moi de façon aussi désinvolte. Je ne sais pas si tu agis par vanité, due à ta position, par simple naïveté ou alors parce que c'est ta nature. Mais je vais être franche avec toi. Tu m'intéresse."

La Missy ne savait pas encore ce qu'elle pourrait en tirer de cette franchise. Mais une chose était sûre : Fujimoto dégageait quelque chose de potentiellement exploitable. Il lui fallait juste un coup de pouce. Et si ce coup de pouce n'était autre que la terrible Yuriko Chizumu ?

Noriko fut soulagée lorsqu'elle entendit la Missys lui offrir un verre tout en lui demandant de s'asseoir près d'elle. Finalement, elle était beaucoup plus sympathique que ce qu'elle avait entendue dire par les élèves du lycée. Elle s'asseya, un grand sourire au lèvres. Noriko était curieuse de voir plus en détails la personnalité de Yuriko. Une fois que le serveur lui donna son verre et resservit sa "compagne", celle-ci se tourna brusquement et lui dit avec un sourire:

"- Je dois reconnaitre que tu fais preuve d'un certain culot, en t'adressant à moi de façon aussi désinvolte. Je ne sais pas si tu agis par vanité, due à ta position, par simple naïveté ou alors parce que c'est ta nature. Mais je vais être franche avec toi. Tu m'intéresse."

Qu'est-ce que la Missys entendait par "m'intéresse" ? Noriko se le demanda, s'attendant au pire. Quant à son culot, c'était naturel. Depuis toute petite, elle avait cette facilité à dire ce qu'elle pensait. D'ailleurs, ce n'était pas franchement une qualité. Mais elle faisait avec.

"Pourquoi cela te surprend-il ? Tu es si importante que ça pour que personne n'oses s'adresser ainsi à toi ? Je suis surprise...Et bien comme ça, je suis contente d'être la première !

Noriko ne vit aucune expression sur le visage de sa voisine et elle se demandait si cela devait être une bonne chose. Elle continua à siroter tranquillement son verre quand un groupe de garçons vinrent les accoster. Ils eurent à peine le temps de se présenter que Yuriko les envoya balader tout en buvant elle aussi son cocktail. Noriko fut déçue... Elle qui était dans son humeur à draguer... C'est aussi à ce moment qu'elle se rendit compte que tout les hommes ici présent n'avait d'yeux que pour le duo que Yuriko et elle formaient. Avec un sourire, elle lui dit:

"Comment fais-tu pour rester aussi impassible devant autant de prétendants ? Je veux bien avouer que certains sont âgés, mais d'autres sont loin d'être moches !" puis, elle lui souffla: "Et ils sont riches !"

Noriko resta quelques temps dans ses pensées, tout en faisait des petits sourires discret à un jeune homme d'un vingtaine d'années accoudé au bar, pas très loin d'elles.

"Vu son attitude, il y a de forte chance pour qu'il soit célibataire. Qu'est ce que je te parie qu'avant mon départ, il m'offre un verre ?" ricanna t-elle.

La jeune fille avait l’air surprise. En même temps, c’était plutôt normal. Yuriko ne faisait jamais de compliments, sauf à ses amies. Mais la réponse de la jeune fille déstabilisa, une fois encore, la Missy :

« - Pourquoi cela te surprend-il ? Tu es si importante que ça pour que personne n'oses s'adresser ainsi à toi ? Je suis surprise...Et bien comme ça, je suis contente d'être la première ! »

Sur le coup, Yuriko resta stoïque à la remarque de la cadette. Ce n’était pas qu’elle ne ressentait rien, à ce moment précis. Mais elle fut déstabilisée par sa réponse. Comment pouvait-elle dire de telles choses ? « Etre si importante » ? Bien sûr que Yuriko l’était. Ne l’avait-elle pas remarqué, au cours de sa scolarité ? Elle était une Missy, le « rang » en-dessous des Trésors. Il y avait en effet une hiérarchie au sein de Tokyo Gakuen, et même le directeur, les professeurs en étaient informés. Le premier n’avait pas l’intention de contredire les caprices des six puissances de l’établissement. Les derniers n’avaient tout simplement pas leurs mots à dire. Les Three Missys étaient ces trois filles, qui se hissaient quasiment à la hauteur de leurs six camarades. Il était alors évident qu’elles aient du pouvoir et qu’elles soient craintes. Comment expliquer, alors, le fait que Fujimoto Noriko, fille du directeur de l’établissement prestigieux Tokyo Gakuen, ignorait tout ça ?

Yuriko se permit un léger sourire, quand Fujimoto ne faisait plus attention à elle. Cette fille ne cessera donc jamais de l’étonner. La cadette semblait prêter attention à un nouveau jeu. Son regard se posa sur l’objet que la jeune fille étudiait avec soin. Se rendant sûrement compte du changement d’attitude de Yuriko, Fujimoto la regarda, un sourire aux lèvres :

« - Comment fais-tu pour rester aussi impassible devant autant de prétendants ? Je veux bien avouer que certains sont âgés, mais d'autres sont loin d'être moches !"puis, la jeune fille s’approcha de son oreille, "Et ils sont riches !"

Yuriko rit légèrement. Fujimoto l’amusait. Elle était à la fois insouciante, joueuse, séductrice et naïve. Visiblement, la jeune fille avait encore des choses à apprendre. Quand à la remarque qu’elle lui faisait, la Missy se contenta de lui adresser un regard rempli de mystère, signe de son expérience. Fujimoto aimait séduire, cela ne faisait aucun doute. Mais elle ne se focalisait pas sur les bonnes personnes. Elle avançait à tâtons, au gré de son instinct et de ses envies. La Missy se remémora l’ancienne Yuriko. Elle devint nostalgique à force d’étudier cet enfant.

Noriko esquissa un sourire à l’adresse d’un des hommes qui les observaient. Il fallait avouer que réunis elles étaient vraiment magnifiques. Normal qu’elles attirent l’attention. L’homme eut un grand sourire à l’adresse de la jeune fille de ses amis, qui visiblement, affichait un sourire triomphal. C’était à lui et à personne d’autres que Fujimoto avait souri.

*Pauvre naïf. Elle ne fait que s’amuser avec toi. Tu n’es qu’un jouet et ce n’est pas toi qu’elle voit, mais ce que tu peux lui apporter.*

Yuriko jeta un œil aux hommes alentours. C’est vrai qu’il y en avait des pas mal. Mais pas de quoi fouetter un chat. Yuriko se rendit compte qu’elle s’était blasée de ses plaisirs. Elle ne trouvait plus les hommes aussi attirant qu’à ses débuts. Sans doute s’était-elle lassée, avait-elle peut-être fait le tour. Ces constations l’agacèrent. Elle se décida à y remédier. Sa compagne ajouta :

«- Vu son attitude, il y a de fortes chances pour qu'il soit célibataire. Qu'est ce que je te parie qu'avant mon départ, il m'offre un verre ?"

Yuriko observa son interlocutrice. Elle avait l’air de s’amuser. Mais elle avait encore beaucoup à apprendre. Un homme, célibataire ou non, réagirait de la même façon en voyant une aussi belle sirène. A moins que cet homme soit éperdu de sa femme, chose que Yuriko n’avait encore jamais. Aucun homme ne lui résistait, et d’ailleurs, pourquoi le ferait-il ? De plus, il était évident que la jeune fille repartirait avec un verre, voir même plus. Vu le nombre de prétendants silencieux qui la dévoraient du regard. Et puis, après tout, Fujimoto venait de lui donner un nouveau jeu. Elle qui commençait à s’ennuyer ici, voilà que la cadette lui apportait, tout frais, un nouvel amusement. C’est avec un sourire amical, qu’elle s’adressa à elle :

« - Tu sais Fujimoto, j’ai un petit jeu à te proposer. Je te donne 1heure. Dans une heure, on comptabilise le nombre de verres de chacune, que ces hommes nous auront offert. »

Yuriko s’ennuyait. Il fallait bien qu’elle se dépense à son jeu favori. Et quoi de mieux, que de rendre le jeu encore plus excitant, avec une rivale aussi intéressante que Fujimoto ?

D'un coup, Yuriko s'adressa à Noriko, un sourire malicieux aux lèvres.

« - Tu sais Fujimoto, j’ai un petit jeu à te proposer. Je te donne 1heure. Dans une heure, on comptabilise le nombre de verres de chacune, que ces hommes nous auront offert. »
"- D'accord ! Je suis partante ! Je suis curieuse de voir comment je vais m'en sortir face à toi."

Noriko était contente de cette proposition. Elle allait enfin pouvoir savoir ce que valais réellement son charme et le mettre ainsi à l'épreuve. Et puis, être confronté à cette beauté, c'était une bonne occasion. Même si elle ne doutais pas de sa défaite. Quoique... Le sourire charmeur de Noriko n'avait rencontré aucun équivalent, avec de la chance, cet atout pourrait lui remporté la victoire. Elle venait à peine de penser à tout ça qu'elle vida son verre d'une traite, se mettant ensuite sérieusement au boulot. Elle voulait montrer à cette Yuriko que, elle, Fujimoto Noriko, n'était pas une novice dans cette matière, au contraire. Son expérience était beaucoup plus vieille que devait surement s'imaginer son "adversaire".

*Elle va voir comment une "gamine" de mon genre s'en sort*

Noriko se leva de sa place, avança d'un pas assuré vers sa cible. Une fois à distance raisonnable, Noriko se "pris" les pieds sur un des siège pour ainsi atterrir dans les bras de son "sauveur".

"-Sumimasen ! Hontoni ! Je sais pas du tout ce qu'il m'a pris... Cela doit être le cocktail de toute à l'heure... Oh, je suis vraiment navrée..."
"-Oh, ce n'est vraiment pas la peine de s'excuser. Une jolie jeune fille comme vous ne devrait pas accorder autant d'importance à un incident aussi futile soit-il"

"Jolie" ?! Seulement ?! Personne n'avait jamais utilisé ce mot pour caractériser Noriko. Elle était bien plus que "jolie". Surement cet homme ne connaissait pas encore sa chance. Il était hors de question que Noriko perde son temps avec un type pareil. Autant aller droit au but.

"- Oh vous savez, d'habitude je ne serais pas autant embarrassée, mais devant un bel homme tel que vous, je ne peux que l'être...."
"- Ah... euh... et bien merci. Cela faisait longtemps que je n'avais pas reçu de compliment ! Cela vous tenterez t-il de vous joindre à moi ? Je déteste être seul ici, et puis je ne serais que flatté d'être en si charmante compagnie"

Et de un ! Finalement, il n'étais pas aussi coincé qu'elle le pensait, mais bon...Il n'avait pas une personnalité très forte. Il sera très certainement d'un grand ennuie, mais grâce à lui, elle aura un verre ! C'est mieux que rien ! Mais la bonne humeur de Noriko disparue dès qu'elle vit, qu'à peine partie, deux hommes en avaient profités pour aller à la rencontre de Yuriko...

Fujimoto était ravie elle aussi de ce petit jeu. La jeune fille avait l’air de vouloir se mesurer à Yuriko. Qui des deux remporterait le jeu ? La belle sirène, ou la suave séductrice ? Yuriko esquissa un sourire amusée quand elle vit sa compagne vider son verre d’une traite et se lever. Elle avait vraiment envie de jouer. Elle semblait se hâter à sa tâche. Plus tranquille, Yuriko décida d’abord d’observer la technique de sa rivale. Qu’allait-elle tenter ? La Missy était curieuse. Pour sa part, Yuriko n’avait aucune technique, aucun « truc ». Elle se contentait de s’asseoir et d’attendre. Quelques rares fois, elle adressait un sourire charmeur et engageant aux hommes qu’elle jugeait digne d’en recevoir un. Mais c’était à peu près tout. Pourquoi aller à « la chasse » aux hommes, quand ils venaient d’eux-mêmes ? A cause de son physique avantageux, la Missy débordait d’assurance et ton son corps le clamait haut et fort. Sa démarche, sa manière d’être, sa présence, tout en elle montrait son trop plein d’assurance. La preuve en était qu’elle ne trouvait personne à sa hauteur, personne digne d’attention. Le fait que la prétentieuse pose ses yeux et exprime un quelconque intérêt pour Fujimoto relevait du miracle. Sans doute la Missy voyait en cette jeune fille une certaine ressemblance. Elle aussi dégageait de l’assurance, une conscience de sa beauté.

Fujimoto se dirigea d’un pas décidé vers sa première victime : un homme assez attirant, mais trop maladroit selon Yuriko. Premier mauvais choix ? Ce qui était sûr, c’était qu’elle n’avait pas placé la barre très haute, pour un premier round. La Missy fut un peu déçue. Mais elle attendit de voir la suite. Marchant d’un pas sûr, faisant onduler son corps svelte, Fujimoto s’avança vers l’homme. Puis elle fit quelque chose qui étonna la Missy. Elle « tomba » sur lui. Yuriko fut surprise de cette technique vieille comme le monde. Puis elle se mit à rire. Cette Fujimoto ne cessera pas de l’étonner. Trop loin pour entendre la conversation, Yuriko ne prêta qu’une distraite attention à ce qui se suivait.

Deux hommes plutôt charmants se dirigèrent aussitôt vers elle. Yuriko esquissa un sourire fugace, pour elle-même. Vraiment, elle ne voyait pas pourquoi changer de façon d’agir, si elle avait autant de facilité avec les hommes. Les deux hommes en question se jugèrent méchamment de l’œil, cherchant à l’emporter sur l’autre. Le plus proche s’adressa à elle avec un sourire, une voix grave, une main dans la poche. Yuriko flaira l’homme en manque de confiance. Elle s’en désintéressa aussitôt qu’il ouvrit la bouche :

« - Je vous ai remarqué depuis le début de la soirée, Mademoiselle, et je dois dire que vous êtes de loin la plus ravissante de la soirée. Puis-je vous offrir un verre ? »

Yuriko leva imperceptiblement son sourcil. « De la soirée » ? Yuriko n’en attendait pas plus de la part de cet homme qui se donnait un genre. Elle méritait mieux que ce compliment usé. Néanmoins, elle lui répondit, prenant tout de même son ton froid, détaché :

« - Si vous voulez. Je vous préviens, je n’aime pas tous les alcools. Epatez-moi »

L’homme parut déstabilisé. Peu importe, elle aimait ça, les déstabiliser. Yuriko se désintéressait complètement des hommes comme lui. Elle ne faisait attention qu’à ceux qui étaient un peu comme elle, au masculin : l’homme au sens débordant d’assurance, de prestance, de classe et de raffinement. Aussi, elle ne prit pas davantage garde à cet homme. Il lui offrit pourtant un verre, espérant remonter dans l’estime de la cruelle. Elle prit le verre, le porta vers Fujimoto qui la regardait, un sourire narquois sur les lèvres, et le but. Elle le trouva trop fort, trop brut et pas assez riche en mélange. Elle le reposa aussitôt et regarda de haut l’homme qui lui avait offert le verre. Le pauvre ne savait plus où se mettre. L’autre homme tenta alors sa chance. Il poussa l’autre, se plaçant face à Yuriko :

« - Laissez-moi réparer cette erreur lamentable. Garçon, votre cocktail explosif. »

Le barman s’avança vers le trio. Avec un sourire, mi-complice envers Yuriko, mi-moqueur à l’adresse des deux hommes, il commença :

« - Vous savez, je ne crois pas que ce soit le genre d’alcool que Yuri …
- J’ai pas demandé ton conseil, sers-moi ce verre. »

Yuriko fronça les sourcils. Cet homme lui avait fait une bonne première impression, mais il venait de tout gâcher. Non pas par le ton sec de sa voix, mais tout bêtement par cette trace de transpiration qui auréolait son aisselle. Yuriko fut un peu rebutée. Le barman Kira lui apporta son verre, toujours aux regards de Fujimoto. Yuriko se leva, dépitée :

« - Je te l’offres Kira. J’ai horreur de cette boisson. Je préfères me retirer. »

Kira adressa un regard de remerciement à la jeune fille qui se levait déjà, aux grands malheurs des deux hommes. Ils tentèrent de la retenir mais elle se dégagea rapidement. Ces hommes ne savaient pas qu’une jeune demoiselle comme elle ne buvait que ces cocktails sucrés, aromatiques et exotiques ? Yuriko se dirigea vers la table où se trouvait Yuriko. Qui a dit qu’elle n’allait pas lui imposer quelques difficultés ? Yuriko avait envie de pimenter un peu le jeu.

Yuriko s’assit aux côtés de l’homme que Fujimoto avait « dragué ». Ce dernier la dévisagea joyeusement du regard. D’un mouvement suave, elle croisa ses longues jambes dénudées, et regarda sa compagne de jeu.

« - Je m’ennuyais là-bas, seule avec ces deux hommes. Alors je suis venue voir ce que tu faisais. Alors ? Que se passe-t-il ici ? »

Yuriko était consciente du regard que l’homme lui jetait. Elle sentait qu’elle prenait l’avantage sur Fujimoto. Mais elle ne bougea pas le petit doigt pour donner au jeu un réel avantage pour elle. Yuriko était curieuse de voir comment allait réagir Fujimoto.

*Allons Fujimoto, montres-moi de quoi tu es capable. Tu n’as encore rien fait d’exceptionnel.*

Noriko n'en croyait pas ses yeux ! Yuriko s'était délibérement installée à côté d'elle, lui volant ainsi son avantage sur l'homme. Ce jeu était donc beaucoup plus sérieux qu'il n'en avait l'air. Noriko lui adressa un petit sourire lorsqu'elle lui dit:

« - Je m’ennuyais là-bas, seule avec ces deux hommes. Alors je suis venue voir ce que tu faisais. Alors ? Que se passe-t-il ici ? »
« Oh ! Et bien comme tu peux le voir, ce jeune homme était en train de m'offrir un verre. Mais tu peux te joindre à nous si tu le souhaites vraiment. Plus on est de fous, plus on rit ! »

Noriko venait de prononcé cette phrase d'une façon très polie, mais elle n'avait pu complètement effacé le sourire crispé qu'elle affichait sur son visage. D'ailleurs, Yuriko l'avait remarqué puisqu'elle pouffa gentiment. Noriko savait très bien que si elle faisait ça, ce n'était que pour la tester. Ce petit jeu allait sans aucun doute devenir très intérressant... Puis, elle se rappela des deux autres garçons qui étaient venus, quelques minutes plus tôt.

"Mais, dis moi Yuriko... Où a tu donc caché tes deux prétendants ? Tu n'étais pas en train de draguer à l'instant ?"

Yuriko garda son sourire, mais cette fois ce n'était plus Noriko qu'elle regardait, mais son "rendez-vous". D'ailleurs, cet homme était flatté mais aussi déconcerté. Mais il faut le comprendre, se faire dragué, en même temps, par les deux plus belles filles de la soirée, que tout les hommes voulaient, cela rend assez perplexe. Au début, cela ne le gêna pas le moins du monde, mais à la vue des regards que s'échangeaient les deux jeunes femmes, il prit peur.

"Hum... Excusez-moi mesdemoiselles, mais je crois que je vais rentrer. Il se fait tard, et il vaut mieux pour moi d'être en pleine forme demain si je ne veux pas être viré. Au revoir, bonne fin de soirée. J'ai été très heureux de vous avoir rencontrés."

Il avait à peine finit sa phrase qu'il était déjà debout, prêt à partir. Noriko essaya de le retenir, mais sans résultat. L'homme était partit. Elle se retourna, fusilla Yuriko du regard, puis d'une voix calme:

"Je vois que tu as réussie ton coup. Cet imbécile a eu peur. Franchement, les hommes de nos jours... Au moins, il me la payé, son verre. Egalité donc..."

Elle prit son cocktail et le leva, en direction de Yuriko. Mais au moment de le boire, elle le reposa sur le bar. Une question venait de traverser son esprit. Elle ne savait pas du tout comment Yuriko le prendrait.

"Pourquoi est-ce que tu es ici ? Enfin, je veux dire, seule. Tu es une Missys, je t'imaginais plutôt dans ce genre d'endroit entouré de tes amies, voir même de certains T6, avec de la chance. Mais au contraire, tu es seule, à perdre ton temps avec une fille comme moi. Et sérieusement, je ne comprend pas..."

Noriko regretta sa question, dès qu'elle la lui posa. Elle s'attendait à une réponse peu amicale de sa part, lui disant que cela ne la regardait pas. A la place, elle remarqua que le visage de sa voisine s'était comme assombrit. Même son sourire, qui avait pourtant toujours été présent jusque là, commença à disparaitre.

*Comment casser une ambiance...Me laisser la parole après plusieurs cocktails*

« - Oh ! Et bien comme tu peux le voir, ce jeune homme était en train de m'offrir un verre. Mais tu peux te joindre à nous si tu le souhaites vraiment. Plus on est de fous, plus on rit ! »

Malgré son ton assuré et son grand sourire, Yuriko sentit la tension dans la voix et l’attitude de Fujimoto. La Missy pouffa légèrement, attitude rare chez elle. Elle ne se moquait pas de sa compagne. Elle s’amusait de la situation et se délectait des difficultés qu’elle lui imposait. La Missy voyait bien qu’elle déstabilisait la cadette. Sans doute n’avait-elle pas l’habitude d’avoir une telle concurrence.

« - Mais, dis moi Yuriko... Où a tu donc caché tes deux prétendants ? Tu n'étais pas en train de draguer à l'instant ? »

Yuriko sourit. Elle regarda brièvement les deux hommes qu’elle avait abandonnés, puis l’homme assis à leur table. Son sourire s’agrandit. Elle le vit d’abord flatté de l’attention que ces deux belles jeunes filles lui offraient. Il en était fier, observant du coin de l’œil les autres hommes fixant leur table d’un air envieux. Ils étaient plus d’un à vouloir sa place. La Missy voyait, au fur et à mesure de leur conversation qu’il s’enorgueillissait de la présence des deux filles à ses côtés. Seulement, elles commencèrent à l’intimider. Yuriko le vit s’agiter nerveusement. Elle leva légèrement son sourcil. Elle avait deviné depuis que Fujimoto l’avait heurté, qu’il n’était pas à la hauteur. Son attitude la déçut. La Missy ne s’intéressait pas à ce genre d’homme. C’est pourquoi elle l’impressionnait encore plus, le poussant dans ses retranchements. Ses ongles tapèrent sur la table, attendant une quelconque réaction de l’impotent assis à leur table. La réaction ne tarda pas à venir. Nerveux, il arrangea d’abord sa cravate. Puis il s’exclama d’une voix qu’il voulait forte et grave, mais qui respirait la nervosité :

« - Hum... Excusez-moi mesdemoiselles, mais je crois que je vais rentrer. Il se fait tard, et il vaut mieux pour moi d'être en pleine forme demain si je ne veux pas être viré. Au revoir, bonne fin de soirée. J'ai été très heureux de vous avoir rencontrés. »

Le nerveux n’attendit pas son reste et se faufila vers la sortie. Yuriko le regarda à peine. Quand il avait parlé, elle sirotait un autre cocktail, le regard perdu. Fujimoto la fusilla immédiatement du regard. La Missy le lui renvoya. Il ne fallait pas qu’elle oublie à qui elle s’adressait. Le regard de la cadette s’adoucit d’un coup, retrouvant son visage enfantin mais charmeur.0

« - Je vois que tu as réussie ton coup. Cet imbécile a eu peur. Franchement, les hommes de nos jours... Au moins, il me la payé, son verre. Egalité donc... »

La Missy posa calmement son verre. Son regard se porta sur la cadette. Il n’était pas glacial, mais il n’était pas amical. Il n’exprimait rien, et disait tout à la fois.

« - Je n’ai pas réussi mon coup, comme tu le sous-entend. Cet homme n’était pas à la hauteur. Il s’est laissé impressionner, c’est tout. Les hommes nuls comme eux, très peu pour moi. Je ne sais pas si toi ça te convient, mais pas à moi. »

Fujimoto resta un moment silencieuse. De plus, la cadette avait oublié que Yuriko avait eu deux verres, et non pas un. L’égalité n’était pas de mise, mais elle se fichait bien de le lui rappeler. Elle savait qu’elle remporterait. La cadette attrapa son verre, mais au moment de le boire, elle marqua un temps de pause et le reposa sur la table. Fujimoto semblait songeuse, tracassée. Pourquoi ce changement brusque de comportement ? La jeune fille ne regarda pas la Missy, même quand elle s’exprima. Elle le sut après pourquoi.

« - Pourquoi est-ce que tu es ici ? Enfin, je veux dire, seule. Tu es une Missys, je t'imaginais plutôt dans ce genre d'endroit entouré de tes amies, voir même de certains T6, avec de la chance. Mais au contraire, tu es seule, à perdre ton temps avec une fille comme moi. Et sérieusement, je ne comprends pas... »

Le visage de la Missy s’assombrit de lui-même. Il lui sembla aussi que la cadette l’aperçut, puisqu’elle se mordit la lèvre, regrettant sans doute sa question. Yuriko resta sans bouger un moment, perdue dans ses pensées. Son rôle de Missy lui imposait bien trop de clichés. Tous s’imaginaient qu’elle fut entourée jour et nuit de ses fidèles amies, et qui plus est en compagnie des Rokou Takara. La réalité était pourtant toute autre. Mais pourquoi contredire et révéler la vérité quand le mensonge se présentait comme idyllique ? Les Three Missys étaient des amies fidèles, il n’y avait aucun doute là-dessus. Il est vrai qu’elle passait presque tout le temps ensemble à Tokyo Gakuen, faisant régner le respect et la loi des T6. Mais en dehors des cours, chacune avait sa vie. Elles se voyaient fréquemment, oui, mais elles n’étaient pas collées l’une à l’autre non plus. Cet espace de liberté plaisait aux MThree, pourquoi le changer. Mais en ce qui concernait les T6 … Les six garçons n’étaient pas, comme on aurait put le croire, des intimes des Mthree. Les Missys respectaient la place supérieure des Trésors, et les Trésors mettaient un point d’honneur à se considérer au-dessus. Les deux « clans » ne se voyaient pas beaucoup, se parlaient encore moins. Yuriko trouvait étrange que Fujimoto pense le contraire. Sans doute tout Tokyo Gakuen pensait qu’ils se voyaient en dehors des cours. Yuriko sourit malicieusement à cette pensée. Cette croyance avait au moins son avantage de taille : les autres filles ne s’aventureraient pas sur le terrain des Three Missys.

Yuriko rejeta ses longs cheveux soyeux en arrière. Sa chevelure alla se retomber sur ses épaules et se déposer le long de son dos. Elle posa son regard perçant sur le visage de Fujimoto. La Missy crut y voir un léger frisson parcourir la cadette. Le sourire de Yuriko s’étira, moqueur. Elle avait retrouvé son assurance.

« - Ce n’est pas parce que je ne suis pas accompagnée que je suis seule. Les Missys et les Takara ne sont pas toujours collés ensemble. Je te trouve bien trop curieuse, Fujimoto. Ton culot dépasse les bornes. Je ne suis pas venue m’amuser avec toi pour récolter ce genre de questionnement. »

Yuriko marqua une pause. Fujimoto l’intéressait pour ce qu’elle pouvait en tirer, ce qu’elle pouvait lui apprendre. Mais il y avait des choses qu’elle devait définitivement lui apprendre. Après tout, les Missys étaient en dernière année. Elles avaient souvent parlé de celles qui les remplaceront plus tard. Il n’était pas question de choisir n’importe qui. Et chacune c’était mise à la recherche de leur « mini Missy ». Hanako lui avait parlé d’une certaine Ayumu Chiba. Elle tenait sa nouvelle protégée comme une future Missy. Hina et Yuriko ne l’avaient pas encore vu. L’idée que Fujimoto Noriko fut sa « mini Missy » commença à germer en elle. Mais il faudra qu’elle « l’entraine ». On ne s’invente pas Missy du jour au lendemain. Surtout quand on voulait être une « mini Yuriko Chizumu ».

« - Si tu veux rester à mes côtés, il va falloir que je t’apprenne certaines choses. Mais, dit-elle en levant son sourcil, il ne faudra jamais que tu oublies à qui tu fais face. Il y a encore des choses que tu ignores, certaines que tu ne maitrises pas encore. Mais dans l’ensemble je trouve un certain potentiel exploitable en toi. »

Plus l’idée prenait forme, plus elle lui plaisait. Fujimoto, sa nouvelle protégée. Jamais la Missy n’avait pensé à cette optique. Mais il fallait reconnaitre que Fujimoto était intéressante. Qu’allait donc répondre la cadette ? La soirée avait tourné d’horizon.

« - Si tu veux rester à mes côtés, il va falloir que je t’apprenne certaines choses. Mais, il ne faudra jamais que tu oublies à qui tu fais face. Il y a encore des choses que tu ignores, certaines que tu ne maitrises pas encore. Mais dans l’ensemble je trouve un certain potentiel exploitable en toi. »

La Missys prononça ces phrases avec un sourire, et vu son sourire, Noriko ne douta pas que Chizumu avait quelque chose derrière la tête.
Mais elle était fière. Fière que Chizumu l'ai choisit elle et non une autre. D'après ce qu'elle avait compris, la M3 lui proposait donc d'être sa "protégée", en quelques sortes. Noriko fut enchanté intérieurement. Elle ne voulait pas le montrer. Pas maintenant en tout cas. Ce serait bête de donner tout de suite entière satisfaction à sa sempai. Elle la regarda donc fixement dans les yeux puis lui dit:

« - Je suis très flattée tu sais. Mais en quoi est-ce que tout cela consiste ? Quelles sont donc ces choses que j'ignorent et qu'il faut que j'apprenne ? Je n'accepte pas toute demande comme ça, il faut bien que je sache où toutes ces "choses" me mèneront. »

Ce qu'elle dit était vrai. Qu'entendait donc Chizumu par ces "choses" ? Pourquoi ne pouvait-elle être plus précise ? Noriko était bien curieuse de savoir. Elle détestait çà. Que quelqu'un la laisse en suspens sur quelque chose. D'ailleurs, Noriko fit un effort phénoménal pour ne pas lui demander directement de quoi il s'agissait. Ne voulant pas montrer son gros côté capricieux, elle fit la demande d'une façon beaucoup plus décontracté. Noriko croisa ses longues jambes fines, les montrant ainsi à l'assemblée masculine présente. Et puis, c'était aussi une façon de pouvoir mettre ses atouts en évidence, car plus elle restait aux côtés de la Missys et plus elle se voyait naitre de petits complexes.

« - Mais si tu as tant envie de ma compagnie, je ne peux qu'accepter ! J'en serais d'ailleurs très heureuse. »

Noriko avait dit ça d'un ton assez ironique, car elle savait très bien qu'elle était la première à vouloir être la "protégée" d'une fille comme Yuriko Chizumu. Elle se sentit prendre la "grosse tête" pendant plusieurs secondes. Il était assez rare qu'une fille prête autant d'attention à sa personne. Les hommes encore.... Mais une très grande majorité des jeunes filles ainsi que des femmes détestaient Noriko. Car la fille du proviseur n'avait pas très bonne réputation auprès de la gente féminine. Beaucoup trop charmeuse et égocentrique à leur goût. La rendant donc dangereuse. Mais elle était habituée maintenant, et tout ce dont l'on pouvait bien dire sur elle lui importait peu. Et puis, si la proposition de Chizumu l'intérressait, c'était aussi pour le côté du profit. Etre aux côté d'une des Three Missys, qui plus est, Yuriko Chizumu, adorée et crainte de tous, sa popularité et le respect à son égard augmenterais considérablement après coup.

Yuriko garda un silence mystérieux en attendant patiemment la réponse de son interlocutrice. Elle était curieuse de connaitre la réponse de la jeune fille. Bien sûr, la Missy savait qu’elle accepterait. Qui ne le ferait pas à sa place ? Non, l’intérêt n’était pas là. Il était dans la formulation de la réponse de la cadette. Aussi, fut-elle agréablement surprise de sa réponse quand elle fut présentée :

« - Je suis très flattée tu sais. Mais en quoi est-ce que tout cela consiste ? Quelles sont donc ces choses que j’ignore et qu'il faut que j'apprenne ? Je n'accepte pas toute demande comme ça, il faut bien que je sache où toutes ces "choses" me mèneront. »

Fujimoto s’était montré prudente. Ménageant l’excessive joie qu’elle devait ressentir intérieurement, la fille du directeur avait préféré lui montrer qu’elle pouvait être raisonnable, patiente et surtout, distante. Yuriko apprécia énormément sa réponse. De plus, chose importante, Fujimoto l’avait regardée fixement, sans vaciller. Elle était déterminée à suivre la Missy mais aussi à conserver sa nature propre. Tant mieux. Yuriko ne voulait pas d’un mouton, d’une fille stupide qui la suivrait sans volonté propre, bêtement. La Missy savait qu’elle avait fait un excellent choix en choisissant Fujimoto Noriko. Certes, elle avait encore quelques manies à proscrire, mais dans l’ensemble, elle était parfaite. La Missy esquissa un léger sourire qui exprimait toute sa vanité, fière d’avoir eu un bon œil.

Fujimoto était curieuse. Ce qui était légitime après tout. Yuriko n’avait rien dit. Elle ne faisait que sous-entendre. La Missy hésita un instant. Que devait-il dire, avouer ? Devait-elle tout dire, ou alors rester dans le flou ? Yuriko se mit à penser qu’elle devait rester dans le flou. Elle n’allait tout de même pas lui révéler le projet secret des Three Missys, alors qu’elle n’était même pas encore « validée » par ses deux amies, Hina et Hanako.

La sirène croisa ses longues jambes fines et reprit d’une voix assurée :

« - Mais si tu as tant envie de ma compagnie, je ne peux qu'accepter ! J'en serais d'ailleurs très heureuse. »

Yuriko ne put s’empêcher de rire doucement. La réplique de la cadette était bien amusante. Fujimoto l’amusait et l’intéressait de plus en plus. La Missy allait lui répondre, quand deux jeunes hommes, des lycéens de dernière année, vinrent à leur table. Ils leur adressèrent un sourire qui se voulait charmeur, mais que Yuriko trouva teinté d’alcool. La Missy réprima un ricanement mauvais quand l’un d’eux vint s’asseoir à son côté. Un était blond, une teinture ratée qui lui allait mal, mais qu’il voulait rebelle, et un autre brun, au regard pétillant et gourmand. Le brun était assis à côté d’elle. Tandis que le blond rebelle s’était mis aux côtés de Fujimoto. Les deux jeunes filles étaient bien mal encadrées. Les hommes plus mûrs assis aux environs de leur table, les fusillèrent du regard. Certains leur adressaient un regard de colère, d’autre de mépris. Mais tous exprimaient les mêmes sentiments que Yuriko. Le blond commençait déjà à adresser la parole à la cadette, tandis que le brun se décida à adresser la parole à la Missy, chose dangereuse.

« - C’est bien la première fois que je vois de telles beautés réunies dans un seul et même endroit. Comment tu t’appelles, trésor ? »

La Missy le fusilla du regard, ce qui déstabilisa un instant son interlocuteur. Sa fureur l’empêchait d’entendre ce que se disait le blond et Fujimoto. Yuriko lui répondit sèchement, s’éloignant un peu du brun :

« - Je sais pas si tu te rends compte de l’énorme connerie que vous êtes en train de faire, toi et ton imbécile de copain blond. Je déteste quand les gens s’imposent comme vous le faites …
- Ola, ola ma jolie, il sentait l’alcool à plein nez. Yuriko était répugnée. On est gentil, on vient vous tenir compagnie, et tu m’agresses.
– Je ne suis pas ta jolie, ton trésor. Hors de ma vue. »

Le jeune homme s’approcha encore plus près de Yuriko. La Missy se leva et mit une gifle royale au brun. Éberlue, il resta un instant, bêtement, la main sur la joue, regardant la Missy d’un air incrédule. L’assistance aussi retenait son souffle. Le blond se mit soudain à pouffer.

« - Je lui avais dit de faire doucement avec ce genre de fille. Mais il m’écoute jamais, ne ma belle ? »

Le blond s’était adressé à Fujimoto. Yuriko pensait que la gifle aurait au moins le mérite de le faire fuir, réagir. Mais il n’en était rien. Il restait là, débile. La Missy le foudroya du regard. Il venait de gâcher sa soirée. Yuriko était noire de fureur. Elle bouillonnait intérieurement et se retenait de le trainer dehors elle-même. Heureusement, le videur, ayant eu vent de ce qu’il se passait ici débarqua et emmena les deux importuns. Le blond voulant rester avec Fujimoto, il fut plus difficile à expédier. Un barman arriva à leur table, la Missy se rassit, en colère. Elle croisa les bras autour de sa taille élancée, et tapa par terre de son talon. Le barman, légèrement impressionné par le comportement colérique de la jeune fille, préféra s’adresser directement à la cadette.

« - Ano, je suis vraiment désolée de ce petit incident, si vous voulez nous pouvons vous offrir …
- Petit ? Vous appelez ça un petit incident ? fulmina la belle Yuriko.”

L’assistance proche ne pouvait qu’admirer cette beauté sauvage qui se déchainait soudainement. La colère n’enlevait rien à son charme. Il rajoutait une touche piquante à la physionomie de la jeune fille. C’était ça être Yuriko Chizumu. La Missy n’avait pas fait attention aux réactions de sa compagne. Elle ne savait pas ce qu’elle ressentait en ce moment. Et pour l’instant, il fallait avouer qu’elle l’avait un peu oubliée.

"- Vous rendez-vous compte que même dans un endroit que vous appelez respectable, on ne peut même pas être tranquilles ?

Chizumu se mit alors à rire. D'un rire agréable et délicat, qui ne se voulait du tout moqueur. Au contraire. Mais leur petite conversation fut interrompus par l'arrivée de deux lycéens. Un brun, assez rondouillard et d'un soit-disant blond dont la couleur était bien plus que loupé au goût de Noriko. Ils avaient tout les deux un certains culot plus que de cran. Oser les accoster dans leur tenue, puant l'alcool. Ils s'assirent ensuite chacun à côté d'une des jeunes filles. Le brun commença alors son numéro de drague, digne d'un véritable débutant.

« - C’est bien la première fois que je vois de telles beautés réunies dans un seul et même endroit. Comment tu t’appelles, trésor ? »

Il finit par s'adresser à Chizumu. Ce qui ne surpris pas du tout Noriko. Car vu la façon dont il dévisageait la Missys et la rapidité à laquelle il s'installa à ses côtés, il n'en avait que faire de Noriko. La laissant ainsi aux prises de son copain et de sa coupe foirée. D'ailleurs, elle ne savait lequel des deux était le plus minable et si elle devait s'estimer heureuse ou non. Et lorsqu'elle regarda sa sempai, le visage de cette dernière changea instantanément, fusillant le dragueur du regard au son du mot "trésor". Noriko pouffa.

*Eh ben mon vieux, tu vas passé un sale quart d'heure si tu continue comme ça*

Effectivement, ces deux là ne savaient vraiment pas à qui ils faisaient face. Car si le brun s'était douté de leur identité, cela ferait longtemps qu'il aurait déjà déguerpit loin d'ici, à la vue du regard que lui lançait Chizumu. Noriko était désireuse de connaître la suite des évènements dont elle était témoin. Mais le blond, qu'elle avait finit par oublier, lui fit signe de sa présence.

« - Dis moi ma mignonne, ce n'est pas que je suis vexé, mais lorsqu'un bel homme comme moi prend la peine d'accoster une fille comme toi, la moindre des politesses est de ne pas l'ignoré. Je vais finir par être jaloux. »
« - Sérieusement, qui pourrait bien être jaloux de ton copain. Excuse moi d'être trop franche, mais il n'a aucune chance. Son état pitoyable le montre bien assez. Je ne voudrais pas dire, mais il y a beaucoup mieux question beauté»

Noriko se pinça la lèvre. Même si ce qu'elle venait de dire était vrai, elle compris tout de suite son erreur. Cet idiot s'approcha alors plus d'elle, le regard pétillant, prenant son affirmation comme une sorte de "déclaration" à son égard. Alors, comme çà, il pensait vraiment qu'une personne comme lui aurait une chance auprès d'une fille comme ELLE ?! Quel imbécile.... Puis, il dut avoir un élan d'inspiration, car il partit dans un long monologue que Noriko ne prit même pas la peine d'écouter, tournant son verre sur lui-même, dans l'espoir de faire passer le temps. Au même moment, Chizumu se leva d'un bond, pour aller coller une gifle digne de ce nom sur le visage du brun. Ce dernier n'en revenait pas, l'air abasourdis, la main toujours sur sa joue. Le blondinet se mit ensuite à ricanner.

« - Je lui avais dit de faire doucement avec ce genre de fille. Mais il m’écoute jamais, ne ma belle ? »

Cette fois, c'était à Noriko qu'il adressa le "ma belle". Il lui fit un lamentable clin d'oeil, agrémenté d'un grand sourire qui, HORREUR !, laissa entrevoir ce que Noriko devina être un semblant d'appareil dentaire. Déjà qu'elle n'avait éprouvée aucune sympathie à l'égard de ce garçon, mais en plus, il lui ne jouait pas en sa faveur, lui montrant LE défault qu'elle ne pouvait supporter. Noriko était encore sous le choc de sa découverte lorsque le videur fit enfin son apparition tant attendu. Signe de leur liberté. Le brun ne fut pas très difficile à expédier, encore ébranlé par le majestueux rateau qu'il venait de se prendre, pour le plus grand plaisir de l'assistance masculine. Le blond, lui, ne fut pas aussi simple, restant difficilement collé à Noriko, espèrant sans doute que celle-ci le garde en sa compagnie. Mais à la vue des nombreux ignorements dont il fut victime, il dut se rendre à l'évidence, et abandonna, laissant le videur l'accompagné jusqu'à la sortie de la discothèque. Le barman dut se sentir obligé de venir, car il se dirigea tout de suite dans la direction des deux clientes. Chizumu s'assit, continuant de fulminer tout en tapant son talon contre le sol. Noriko, elle, resta discrète. Ne montrant aucunes émotions sur son visage d'ange. D'ailleurs, le barman dut le remarquer, car il préféra s'adresser à elle, plutôt qu'à la Missys.

« - Ano, je suis vraiment désolée de ce petit incident, si vous voulez nous pouvons vous offrir …» Mais il fut directement coupé par Chizumu, encore énervé par ce qu'il venait de se produire. « - Petit ? Vous appelez ça un petit incident ? Vous rendez-vous compte que même dans un endroit que vous appelez respectable, on ne peut même pas être tranquilles ? »

Le barman ne savait plus où se mettre. Mais c'était compréhensible. Chizumu était devenue une furie. Noriko comprit enfin le sentiment que devaient ressentir les pauvres filles, qui a TokyoGakuen, se faisait attraper pour s'être approchées trop près d'un Rokou Takara. Comment ne pas se sentir inférieure et insignifiante, une fois face à une fille telle qu'elle. C'était à çà que Noriko voulait ressembler. C'était cette terreur qu'elle voulait voir se profiler sur le visage des personnes qui croisaient son passage. Puis, pour éviter que sa sempai ne fasse une autre scène, Noriko adressa un sourire au barman, tout en se penchant dans sa direction, laissant entrevoir un début de décolleté et lui dit:

« - Avec tout ce qu'il vient de se passer, vous pouvez bien nous offrir votre plus cher cocktail non ? Ne serais-ce pas la moindre des choses ? Histoire de nous faire oublier tout ce dont il vient de se passer bien sùr... »

Le barman acquiesca, puis partit. Surement soulagé de pouvoir disparaître, loin de ces filles. Noriko se rassit et soufla. Elle tourna la tête et vit que sa voisine n'avait toujours pas l'air de s'être calmée.

* Et bien ! Elle est beaucoup plus colèrique qu'elle n'en à l'air. Qui aurait pensé qu'une beauté pareille puisse être aussi...sauvage !*

« - Hum... toussota t-elle. Est-ce que Chizumu-san prêterais encore attention à cet incident ? Si c'est le cas, je trouve ça complètement stupide. Pourquoi accorder autant d'importances à ces garçons ? Ils n'en valent vraiment pas la peine ! » Voyant que la M3 ne réagissait pas, Noriko continua. « En tout cas bravo ! Je n'en reviens toujours pas ! Cette gifle était phénoménale ! A croire que ses pieds se sont élevés du sol...Même lui ne savait pas ce qui lui arrivait. Je peux t'assurer qu'elle restera gravée dans ma mémoire, je m'en voudrais si je l'oubliais...»

Noriko fut contente, même si elle détestait monologuer, elle vit qu'après coup, sa sempai s'était radoucie et que son beau sourire commençait à refaire son appariton. Noriko venait d'apprendre beaucoup de chose sur la Missys durant cette soirée. C'était une fille mature, intelligente et non dénué d'humour mais qui savait être ferme et sérieuse dans les situations les plus complexeset parfois "extrême". Il fallait aussi avouer qu'elle était assez cyclothymique, faisant d'elle une personne très imprévisible. Le barman revint à leur table pour leur apporter leur fameuses boissons, offerte par le patron. Mais cette fois-ci, lorsqu'il vit la bonne humeur de Chizumu, il fut beaucoup plus détendu que la première fois. Elles euent même droit à plusieurs accompagnements. C'est en mangeant tranquillement, que Noriko se souvint qu'elle n'avait toujours pas donné sa réponse à la Missys. Elle profita donc de ce moment de calme pour le lui faire savoir.

«- Au fait, est-ce que ta proposition tient toujours ? Car j'en serais vraiment ravie ! »

Elle attendit. Ce serait dommage pour elle, qu'au dernier moment, avec tout ce qui venait de se passer, la Missys finisse par la refuser auprès d'elle. Estimant finalement, que Noriko n'en valait pas la peine.

Yuriko fulminait. Comment osait-il comparer ça à un « petit incident » ? Comme si ce qu’il se passait ici, était tout à fait normal, et qu’il ne fallait pas s’en offusquer. La Missy fusilla du regard le barman, qui détourna bien vite le regard et la tête de la jeune fille en colère. La cadette lui adressa un sourire compréhensif, ce que Yuriko ne comprenait pas et détesta aussitôt. Comment se permettait-elle de rester aussi stoïque ? Yuriko avait horreur d’être dérangée, agressée dans son intimité. Certains hommes, pour ne pas dire la plupart, se permettaient d’enfreindre les limites de l’intimité pour envahir l’espace personnelle. Ils aimaient pénétrer cet espace qui ne leur était pas destiné, et la Missy avait en horreur cette attitude.

Yuriko tapa d’indignation avec son talon, lorsqu’elle vit la cadette s’approcher du barman :

« - Avec tout ce qu'il vient de se passer, vous pouvez bien nous offrir votre plus cher cocktail non ? Ne serais-ce pas la moindre des choses ? Histoire de nous faire oublier tout ce dont il vient de se passer bien sùr... »

Boire était bien la dernière chose que Yuriko voulait faire. Elle avait envie de jeter le contenue d’un verre à la figure du barman, mais elle se retint. Personne ne trouvait son énervement légitime ? Si Hina aurait été là, elle se serait elle aussi emportée contre tous. Elle se serait sans doute bien plus énervée qu’elle. Le barman acquiesça rapidement, trop heureux de trouver une jeune fille compréhensible et agréable. Il s’enfuit rapidement, retournant à ses alcools. Les deux jeunes filles se rassirent. Les hommes alentours ne tentèrent pas de les consoler. Des peureux. La cadette prit un air détaché en s’adressant à la Missy.

« - Hum... Est-ce que Chizumu-san prêterais encore attention à cet incident ? Si c'est le cas, je trouve ça complètement stupide. Pourquoi accorder autant d'importances à ces garçons ? Ils n'en valent vraiment pas la peine ! En tout cas bravo ! Je n'en reviens toujours pas ! Cette gifle était phénoménale ! A croire que ses pieds se sont élevés du sol...Même lui ne savait pas ce qui lui arrivait. Je peux t'assurer qu'elle restera gravée dans ma mémoire, je m'en voudrais si je l'oubliais... »

La Missy se calma peu à peu, finissant par sourire. Son sourire décrispa son visage, revenant à un visage charmeur. Ses yeux s’allumèrent, non de colère, mais de séduction. Yuriko Chizumu était de retour, laissant la Missy derrière elle. Noriko savait la prendre de telle manière qu’elle finissait par se calmer. Elle espérait cependant que ça ne deviendrait pas une habitude. Yuriko ne souhaitait pas être « matée » par quiconque.

« - Je n’aime pas qu’on me force la main. J’ai horreur du manque de respect, et de l’inconsidération. Tu es une personne importante, tu devrais savoir de quoi je parle. »

La cadette ne fit pas attention à la remarque de Yuriko. Elle était ailleurs, perdue dans ses pensées. Yuriko n’aimait pas qu’on l’ignore. La Missy leva son sourcil. Le barman en profita pour apporter les boissons. Voyant le calme de Yuriko, il fut plus détendu que tout à l’heure. Il leur déposa les boissons avec un supplément d’accompagnements, que les jeunes filles dégustèrent avec délice. Finalement, Fujimoto sortit de ses songes et regarda son interlocutrice.

« - Au fait, est-ce que ta proposition tient toujours ? Car j'en serais vraiment ravie ! »

Yuriko sourit. Son sourire exprimait la malice. Fujimoto demandait ainsi à ce que la Missy ne l’oublie pas. La cadette trahit le détachement qu’elle avait fait preuve un peu plus tôt. Elle montrait son intérêt grandissant pour le projet, quel qu’il fut, de la Missy à son égard. C’était évident que la cadette soit intéressée. Qui ne le serait pas. Même si elle était la fille du directeur, la position que lui offrait Yuriko, était une place d’or. Même si elle ne le savait pas encore.

« - J’aimerais te présenter aux Three Missys au complet. Nous discuterons de mon offre en conséquence. Mais, ajouta-t-elle, je pense que tu feras parfaitement l’affaire. Hina et Hanako seront d’accord avec moi. »

Yuriko ne laissa pas le temps à Fujimoto de répliquer. Elle vida son verre d’une traite, et se leva.

« - Je te recroiserais dans les couloirs du lycée. Au revoir, Noriko-san. »

Yuriko s’éclipsa. Le bruit de ses talons attirèrent le regard des hommes, sa démarche leur envie, et la jalousie des femmes. Yuriko Chizumu n’était pas prête de laisser sa place, à moins qu’elle la laisse à son « élève ». Mais jamais elle ne sera aussi bien qu’elle. C’est ce qu’elle pensait, et elle s’en était convaincu.

Pour le plus grand plaisir de Noriko, la Missys lui sourit. Cela voulait donc dire qu'elle l'acceptait ? Elle eut un petit soupir de soulagement.

« - J’aimerais te présenter aux Three Missys au complet. Nous discuterons de mon offre en conséquence. Mais, je pense que tu feras parfaitement l’affaire. Hina et Hanako seront d’accord avec moi. »

Alors comme ça, elle allait devoir rencontrer les deux autres membres. Noriko savait parfaitement qu'un jour où l'autre, elle devrait les rencontrer. L'étape obligatoire et tant redoutée. Arrivera t-elle à faire bonne impression devant les Three Missys au complet, comme elle avait pu le faire devant Chizumu ? Elle ne savait pas. Mais elle avait assez confiance en elle, pour ne pas paniquer à cette idée. Elle était bien resté calme et sérieuse, se faisant ainsi apprécier par Chizumu, qui était pourtant la Missys la plus dur à s'en faire aimer. Elle serais même ravie de rencontrer enfin en personne les dénommées Satomi et Matsuda. Mais, elle n'avait même pas eue le temps de lui dire qu'elle en serais enchanté, que Chizumu vida son verre d'un traite, se leva et partit, ne se retournant même pas pour lui dire:

« - Je te recroiserais dans les couloirs du lycée. Au revoir, Noriko-san. »

Elle s'éclipsa, ne laissant derrière elle que des hommes envieux et des femmes jalouses. Noriko resta donc quelques instants seules. Elle n'avait pas rêver, la Missys l'avait bien appellé "Noriko-san". Elle qui n'avait utilisé que le nom "Fujimoto" pour s'adresser à elle. Elle baissa les yeux et sourit à cette pensée. D'un coup, elle se leva elle aussi de sa place, se dirigeant vers la sortie, ne prêtant aucune attention au barman qui lui parlait. Elle secoua juste sa main dans les airs sans même se retourner en guise de réponse, lui faisant comprendre qu'elle n'en avait que faire. Oui, Noriko venait de passer une bonne soirée. Même si elle ne pensait qu'elle se déroulerait finalement ainsi. Elle était bien curieuse de savoir comment leur future rencontre à TokyoGakuen se passera.

[ Terminé ]