Fin des cours... [libre]

Une journée comme les autres. Comme les autres, vraiment ? Pour la jeune Junko, toutes les journées aux lycées se ressemblaient, effectivement. Etre là à l'heure, assister aux cours, étudier, et surtout, éviter au maximum les autres étudiants. Pas question de prendre le risque de se faire accoster. Certes, elle s'était habitué à écrire pour parler, sans jamais regarder son interlocuteur, et les élèves de sa classe s'était également fait à l'idée. Mais tout de même.... Chaque fois qu'on lui adressait la parole, elle manquait de faire une syncope, souvent surprise qu'on s'adresse à elle. Et même si elle avait l'air terriblement adorable lorsqu'elle rougissait, elle se sentait affreusement gênée de réagir comme ça à chaque fois. D'où le fait qu'en classe, elle se mettait toujours à proximité de la porte. Pour pouvoir sortir plus vite. Et ensuite ? Ironiquement, elle aimait bien prendre son temps une fois dans le couloir, observer de loin les autres élèves en marchant d'un petit pas tranquille. De toute manière, une fois hors de la salle de cours, ses camarades de classes se réunissait en bande. Donc, personne ne venait l'embêter. A quoi bon perdre leur temps à discuter avec une fille qui "n'en avais rien à faire" ou "qui faisais sa pimbêche" disaient certaines mauvaises langues ?

Mais qu'importe. Elle ne supportait que moyennement ce genre de remarques, mais qu'y pouvait-elle ? Une autre qu'elle aurait sans doute finit par dire "fichez moi la paix", ou quelque chose de ce style-là. Par dire, c'était bien le soucis, songea-t-elle, rougissant brusquement, tout en avancant, pensant alors qu'elle devait avoir l'air curieuse à rougir toute seule. Calme, se dit-elle. Penser à des mathématiques. Littérature. Non mieux, le dernier morceau qu'elle apprenait au violon. C'était comment déjà ? Et peu à peu, en se rappelant de la partition, ses joues retrouvèrent doucement une couleur plus naturelle. Sauf qu'absorber par ce petit exercice de mémoire, elle oublia juste que le couloir avait une petite marche. Et qu'elle trébucha dessus - non, elle ne poussa pas de petit cri de surprise - éparpillant seulement les trois ou quatres livres qu'elle avait dans les bras. Rougissant encore plus que tantôt, se sentant brusquement au centre de l'attention générale, elle n'osait même pas relever les yeux pour vérifier cela et entreprit de se hâter pour ramasser tout ceci. Et espèra intérieurement que plus personne ne regardait dans sa direction...

Dès l'instant où elle chuta, ses livres s'éparpillant bruyemment sur le sol, les rires fusèrent. Forcément... Sans oublier les remarques acerbes. De "regarde ça, elle est ridicule." à "vu comment elle est, c'est un camion qu'elle va pas tarder à se prendre" en passant par "dommage qu'elle ne se soit pas pris un poteau...". Ah ça, ce n'était pas pour l'aider à apprécier l'école, songea-t-elle tristement, ramassant ses livres. Tristement, mais les joues un peu roses de l'humiliation. Allons... Elle n'était pas réellement blessée. Ce n'était que des pimbêches sans cervelles, se reprit-elle. Oui, des idiotes... Mais malgré tout, même en sachant cela, les petites méchancetés gratuites de ce types étaient blessantes. Rester digne, ne pas perdre son temps avec ce genre de personne, lui avait dit une fois sa mère. Une petite phrase souvent dite et redite, à laquelle elle se raccrocha en ramassant ses manuels. Et puis, est-ce que ce n'était pas sa faute ? Elle avait fait preuve d'inattention. La prochaine fois, elle ne referait pas la même erreur, et puis voilà. Ce n'est pas comme si elle tombait souvent après tout. En revanche, elle risquait d'avoir un bleu sur le genoux, bien qu'elle n'y pensât pas encore. Car avec une peau comme la sienne... Plus qu'un livre, et elle partirait loin de leurs moqueries pour ne plus entendre leur faux rire de bourgeoises, de toute manière.

"Eh bien ? Tu devrais regarder où tu mets les pieds.", ajouta une voix masculine.

Et encore une moquerie, songea-t-elle, amère, preferant ignorer la remarque. Ah tiens, une main ? D'homme ? Surprise, elle releva vivement la tête pour croiser le regard d'un étudiant. Un T6. Et durant les quelques minuscules secondes pendant lesquelles elle avait relever la tête vers lui fut le moment où les railleries devinrent des cris aigus de groupies, mécontentes de voir une de leur précieuse idole parler à une fille comme la jeune Junko. La seconde d'après, les cris se faisaient toujours entendre, mais elle, elle avait déjà détourné le visage, cramoisie. Elle l'avait déjà vu de loin, mais d'aussi près... Jamais. Avant de réaliser qu'avec une telle réaction, il allait probablement la confondre avec une groupie. Une groupie elle ? Elle ne savais pas le nom de celui-ci. Certes, elle connaissait les noms des T6. Leurs visages aussi. Mais quel nom sur quel visage ? Ca, elle ne le savais pas. Il aurait fallu qu'elle s'y intéresse d'avantage pour le savoir. Et à quoi bon savoir qui et qui ? s'était-elle toujours dis.

"Tu t'es fais mal ?", la questionna-t-il.

Que répondre à ça lorsqu'on si timide qu'on en est muet avec tout le monde sauf sa propre mère ? Les joues d'un rouge qu'il n'avait jamais sans doute dû voir, la tête baissée comme si elle voyait une fourmi très intéressante par terre, elle secoua vivement la tête d'un signe négatif. Comme elle maudissait sa timidité ! De quoi avait-elle l'air là ? Par terre, serrant ses livres contre sa poitrine, crispée, plus rouge qu'une tomate bien mure et secouant la tête pour répondre à un des six trésors de l'école ? Les autres pimbêches n'allaient pas la lâcher des semaines avec ca ! Surtout qu'il était loin d'être laid. Même plutôt vraiment mignon, songea-t-elle. Si elle avait pu, elle serait devenue encore plus rouge. Tremblante, elle attrapa son petit carnet de note et le stylot attaché à ce dernier, écrivant rapidement un "merci". Après tout, même timide, cela ne devait pas l'empêcher de rester polie. Il l'avait aidée et lui avait demandé si elle ne s'était pas fait mal. Elle devrait sans doute se relever, mais elle restait tétanisée en lui montrant son petit mot, le visage encore plus baissé que tantôt. Elle se sentait si ridicule... Qu'elle avait une envie monstrueuse de disparaitre sous terre.

Et alors qu'elle se demandait si elle pouvait rentrer dans le trou d'une souris, tout en se disant que cela n'aurait rien de logique et que ce n'était des choses qui pouvait se produire dans les dessins animés, il y eut quelques secondes de silence. Un silence pesant, pesant... Facon de parler. Car si ce T6 ne disais rien, le brouhaha autour d'eux était toujours là. Un brouhaha qu'elle ne voulait pas entendre. Surtout pas. Et brusquement :

-Non... Tu es muette ?

Elle hocha la tête négativement. Puis affirmativement. Et négativement. Non. Oui. Non... Non, mais les gens avaient toujours du mal à comprendre qu'elle était incapable de parler à cause de sa timidité. Timidité ? Elle veut juste se faire remarquer, disaient les autres. Et à quoi lui expliquer ? Un T6, après tout. Soyons logique. Un type ultra-riche... Toutes les jolies filles et les plus jolis partis les plus intéressant lui tournant autour... Le genre de mec qui a tout ce qu'il veut, qui s'ennuie et qui ne s'intéresse pas réellement aux autres. Alors qu'une fille soit aussi intimidée, qu'est-ce que cela peut faire ? Ce n'est pas cela qui changera sa journée. Il l'avait aidé, lui demandait si elle était muette, puis il se releverait et irait tranquillement s'amuser avec des gens.

-Tu as quelque chose de prévu ce soir ? Oh et puis peu importe, je m'ennuie alors tu vas m'occuper.

Quelque chose de prévu ? Non... Oui.... Peut-être.... Pourquoi il demandait ca d'abord ? La réponse tomba rapidement. Il s'ennuie... Mais avant qu'elle puisse trop réflechir sur le "je m'ennuie alors tu vas m'occuper", il la releva avec une telle force qu'elle relacha ses livres sans s'en rendre compte, et se fit trainer jusqu'en dehors de l'établissement. Rapidement, trop rapidement. Ses premières pensées furent : "oh non, tout le monde me regarde !". Puis, pour sa pauvre petite main qu'il serrait un chouillat trop fort, surtout pour une demoiselle comme elle. Ensuite, elle réalisa que si elle était le centre d'intérêt des élèves qui les croisaient, c'était parce qu'un T6 l'emmenait avec lui le plus tranquillement du monde - ou presque - en la tenant par la main, qu'elle commenca à se sentir terriblement gênée. Rougir ? Non pas encore. Elle se contenta de baisser la tête, se demandant ce qu'il avait voulu dire par "tu vas m'occuper". Comment une jeune fille muette et timide pouvait occuper un T6 ? Il esperait quoi ? Qu'elle boive beaucoup d'alcool, se mette à minauder avant de se trémousser joyeusement ? Ou pire ? Qu'avait-il donc en tête, s'interrogeait-elle, regardant avec surprise le dos de ce T6.

"-C'est bon, tu n'as pas trop peur ? C'est pas toujours facile d'être le centre du monde comme ça, hein... Tout le monde te regarde. C'est ça d'être avec un T6.

Et boum. Il s'était retourné vers elle trop vite, croisant de nouveau son regard. Réaction habituelle, comme à chaque fois qu'on la regardait dans les yeux. Rougissement, tout en détournant poliment les yeux. Le centre du monde ? Oh... Comme on pouvait s'y attendre après tout. Et il n'avait pas totalement tort. Dans ce lycée, ce n'était pas pour rien qu'ils étaient les "six trésors". Avant qu'elle puisse penser d'avantage, elle se retrouva littéralement catapultée à l'intérieur d'une limousine, et quelques fractions de secondes ensuite, il s'assit à côté d'elle. Elle ne s'était jamais autant senti intimidée. Non pas le fait d'être dans une limousine. Elle était déjà monté dans ce genre de voiture. Plutôt de se retrouver brusquement avec un T6 et dans la limousine de ce dernier. Sans ses gardes du corps. Ses gardes du corps ! SES. Ses précieux. A elle. Avec lesquels elle se sentait parfaitement en sécurité.

-Ton nom ?, interrogea le jeune homme. Moins cramoisie que tantôt, mais manifestement intimidée, elle fut soulagé de savoir qu'au moins, elle n'avait pas laché son petit carnet. Attrapant un crayon, elle se pencha sur ce calepin, et écrivit soigneusement sa réponse.

"Junko Araki. Pas muette, pas un passe-temps, et mes gardes du corps vont m'attendre. Et tu es ?"

Un peu embarassée tout de même, elle tendit ceci tout en baissant la tête, d'une main. L'autre main désignant la direction vers ses fameux gardes du corps. Certes, c'était sans doute un peu sec comme "réponse". Mais au moins, les choses étaient claires non ? C'était plus logique de le dire dès maintenant que d'attendre que des quiproquo se créer. Ce qui l'embêtait en réalité, c'était de lui demander son nom. Toutes les étudiants savaient qui étaient qui chez les T6 ou les M3. Sauf quelques rares cas. Comme elle. Et elle se sentait incroyablement idiote tout d'un coup de ne pas avoir été plus curieuse à ce sujet plus tôt.

Et avant qu'elle puisse réagir, ou même se douter de cela, il avait déjà ouvert le toit de sa limousine pour annoncer à ses gardes du corps qu'il "l'empruntait". Qu'il l'empruntait, elle l'avais bien compris. Mais qu'il ose renvoyer ses gardes du corps, était autre chose à ses yeux. Déjà d'une, parce qu'elle n'appréciait pas l'idée qu'une autre personne pouvoir avoir de l'influence sur eux. Ensuite, parce qu'elle se sentait toujours un peu plus en sécurité en leur compagnie. Un sentiment de réconfort qu'elle ne trouverait jamais auprès de ce fameux Hitoshi. Du moins, elle serait rentré ce soir. Et de toute manière, elle ne pouvais rien y redire, songea-t-elle amèrement. Il était un T6. Et même si elle était trop timide pour se mêler aux autres, elle avais déjà vu ce qu'il se passait à celui qui en faisais un peu trop. En se permettant de renvoyer ses gardes du corps, d'une certaine facon, n'avait-il pas rappelé qu'il était un "trésor" ?

Brusquement, alors qu'il venais de dire à son chausseur quelque chose, il lui répliqua qu'elle serait son passe temps, tout en lui prenant le menton. Geste à lequel elle pris soin de regarder à côté malgré tout. Elle n'aimais pas la moitié de ses manières, c'état un fait. Mais cela ne voulais pas dire qu'elle serait moins timide. Ah... Il s'ennuie. S'il lui plaisais ? ... Est-ce qu'il n'aurais pas mal interpreté ses rougissements ? Certes, il n'était pas laid garçon. Plutôt vraiment agréable à voir, sur le peu de secondes qu'elle avais vu avant de détourner la tête tantôt. Et lorsqu'il lui demanda si elle n'avait jamais eu d'ennuis auparavant, elle se contenta de répondre encore une fois sur son carnet.

"Tant que je suis une bonne élève... Je ne cause pas de soucis."

Elle aurait bien voulu hausser les épaules avec désinvolture. Mais la main qu'elle sentit dans ses cheveux la crispa. Particulièrement surprise, elle n'y réflechissa pas une seconde. Elle repoussa la main avec un petit "ha !". Avant de se plaquer la main devant la bouche en baissant la tête, affreusement gênée. Bon, elle n'avais pas réellement parlé non plus, se reprit-elle. Mais pour quelqu'un qui ne supportait pas l'idée de s'exprimer oralement de quelque manière devant d'autres personnes, c'était gagné. Elle jeta un coup d'oeil en biais à Hitoshi, et se dit que finalement, ce serait plus intéressant de se rapprocher de la vitre de la limousine pour regarder le paysage défiler. Qu'elle le veuille ou non, elle devais rester ici. Mais au moins, voir l'extérieur l'apaisait.