Boucle d'Or [Mae]

Lundi …

Ten bougea légèrement dans son lit et laissa pendre son bras. Le réveil irritait ses oreilles, mais il n’avait pas la force de l’éteindre. Soupir las. Il s’ennuyait. Bizarre. Lui qui d’habitude trouvait toujours quelque chose à faire. Mais ces derniers temps, il ne savait plus trop quoi. Les cours l’ennuyaient. De plus, il passait son temps à plus ou moins éviter l’autre … Autre soupir. Voilà des semaines qu’ils ne s’étaient pas parlé et cela commençait à se ressentir sur son humeur. Agacé par la sonnerie du réveil, il l’attrapa et l’envoya balader à travers la pièce, avant de se lever.

Le jeune homme fila à la douche, désireux de laisser toutes ses mauvaises pensées derrière lui. Une fois sous la douche, il ferma les yeux, laissant l’eau chaude le sortir de sa léthargie. A quoi bon, il ne servirait pas à grand-chose aujourd’hui aussi. Sortant de la douche et s’habillant, il constata la cicatrice qui ornait son torse. Pas très reluisant. Il n’avait presque plus besoin de ses bandages, qu’il ne mettait d’ailleurs plus. Ce travail exigeait toujours l’aide de quelqu’un, et cela l’embêtait. Avoir besoin de quelqu’un …

Ten descendit les marches d’escalier, récupérant son sac au passage. Direction, la cuisine. Peut-être une fois l’estomac rempli, il sera de meilleure humeur. Alors il ne lésina pas sur les quantités. Autant en profiter. La maison était bien trop silencieuse à son gout. Alors il alluma la télé, histoire de faire un peu de bruit. Jetant un bref coup d’œil, il constata que c’était une émission pour les enfants. Bah, tant pis, ça lui fera retomber en enfance. C’est pas plus mal. Les yeux rivés sur l’écran, il tâta la table, à la recherche de sa tartine. Récupérant son pain et croquant dans sa tartine, il reconnut le dessin animé : Boucle d’Or et les trois ours. Tiens, on passait encore ce genre de trucs ?

Les cheveux blonds de la petite gourmande, en train de dévorer la soupe des ours, lui rappela d’autres cheveux tout aussi blonds. Cela faisait un moment qu’il ne l’avait pas vu. Ça et sa soudaine visite aux urgences … Quoiqu’il en soit, Mae Kusano n’était pas venue en cours depuis un bout de temps. Malade ? Il se souvint que la jeune fille était un peu effrayée de la description que lui avait faite Ten, le jour de son arrivée, à propos de Tokyo Gakuen. Il sourit, revoyant le visage triste et déçu de la jeune fille. Et si il allait lui rendre une petite visite, histoire de ?

Le fils du ministre dévala les escaliers, et se précipita sur son ordinateur. Alors, ou pouvait bien habiter la famille Kusano … Ah ! Trouvé. Internet est une véritable mine d’or, pour qui s’est bien chercher. Repartant sur ses pas, il sortit en trombe, tartine au bec.

Il décida d’y aller à pied. Un peu de marche, ça ne fait du mal à personne. Mais, qu’est-ce qu’il pourrait bien lui dire, à propos de sa brusque visite ? « Salut, je passais pas là » ? Roh, non, pas ça … « Je me demandais ce que tu devenais » … Mouais, y’a mieux qu’en même … « ça faisait un moment qu’on ne s’était pas croisé. Tu vas bien ? » Mouais. Enfin, quoiqu’il en soit, il verra ben sur place. Ingurgitant le dernier morceau de tartine, Ten se retrouva devant une énorme porte. Mains dans les poches, il se demanda si ce n’était pas impoli de s’inviter chez les gens de cette façon.

*Après tout, je ne fais que demander des nouvelles … Y’a pas de mal à ça qu’en même.*

Et au même moment, il sonna chez les Kusano et attendit. Il entendit des meubles bouger, et des pas de talons précipités. Une jeune domestique ouvrit brusquement la porte. Visiblement, elle avait dû courir dans toute la maison. Amusé de son teint légèrement rosé, Ten lui sourit et elle se détendit instinctivement.

« - Vous désirez, Monsieur …
Kosuke Ten. Je suis un camarde de classe de Mademoiselle Kusano. Je viens prendre de ses nouvelles. »

Ten s’étonna du comportement hésitant de la domestique. Elle allait le mettre à la porte ? Il s’apprêtait à se justifier, lorsqu’un autre bruit de pas se fit entendre. La porte s’ouvrit à la volée, laissant place à un homme d’âge mûr. Le jeune homme le salua poliment, en s’inclinant, tandis que l’homme l’étudiait, visiblement peu ravi de sa venue. Quoi ? Lui aussi allait le mettre à la porte ? Qu’est-ce qu’il y a ? Il fallait un laisser passer spécial pour rentrer chez eux ? L’homme le toisait presque.

« - Tu viens voir Mae ? Qui es-tu ?
- Kosuke T…
- Oui, j’ai entendu ton nom. Mais qui es-tu ?

Ten commençait à en avoir marre de ce comportement grossier. Il était là, devant la porte, dehors, obligé de se soumettre à tout un interrogatoire. C’est quoi, cette famille ?

« - Je suis un camarde de classe de Kusano-san. Ça fait plusieurs jours que je ne l’ai pas vu. Je m’inquiétais et donc, je suis venu prendre de ses nouvelles. »

L’hôte parut se rendre compte de son impolitesse et le laissa rentrer. Ten le remercia, mais il était légèrement agacé. La demeure Kusano était une véritable forteresse. Il pivota vers l’homme, qui continuait de l’observer.

« - Je ne pense pas que ma petite Mae voudrait avoir de la visite.
- Je n’étais venu que pour prendre de ses nouvelles.
- Oui, mais ça tombe plutôt mal. D’ailleurs, ma fille ne m’a jamais parlé de vous, ou même une petite allusion.
- Nous ne nous connaissons pas bien. J’ai été, en quelque sorte, là pour l’accueillir.
- Là pour l’accueillir … Il réfléchit. Vous, tiens, il reprend les formes de politesse, n’êtes pas un de ses coureurs qui vient séduire ma petite Mae pour ensuite s’en débarrasser ? »

Ten écarquilla les yeux. Pour qui le prenait-il à la fin ?

« - Je vous demande pardon ? »

* Pitié, faites que ça s’arrête. *